Perquisition à la mosquée Omar, témoignage de l’équipe: « C’est surtout pour les enfants qu’on s’inquiétait »
“ Nous n’avons strictement rien à cacher. Mais ce type de méthodes fait beaucoup de dégâts.”
C’est par ces mots que Hammadi Hammami résume l’impact de la perquisition ayant eu lieu à la mosquée Omar de Paris 11e, le samedi 3 octobre au matin. Le responsable de la mosquée, par ailleurs président de la fédération “Foi et Pratique”, n’est pas étonné. Il observe le tissus associatif et les mosquées depuis des dizaines d’années et déplore le climat de suspicion dans lequel nos concitoyens musulmans doivent désormais vivre.
Les services de l’Etat sont venu en nombre, de toutes directions (éducation, URSSAF, ERP, Police…), dans le cadre des cellules départementales mises en place par le gouvernement pour “lutter contre l’islamisme et le repli communautaire” (CLIR). Tout un programme, donc, à commencer par l’enseignement de l’arabe et du Coran aux enfants, au sein d’une mosquée parisienne, dont les riverains et les voisins décrivent avec constance l’ouverture et le respect du vivre ensemble.
Qu’est-ce qui justifie une telle débauche de moyens, visant une mosquée présente depuis près de 40 ans?
A en croire le ministre de l’intérieur lui-même… pas grand chose, si ce n’est quelques défauts usuels sur la sécurité incendie (un rideau métallique qui grippe un peu, un extincteur là…).
L'un des rôles essentiels de l’État est de s'assurer que les écoles clandestines ne viennent pas s'imposer en lieu et place des écoles de la République.
Mes précisions à Jean-Luc Mélenchon sur le contrôle administratif qui a été conduit dans les locaux de la mosquée Omar à Paris. https://t.co/to3fv3KERe pic.twitter.com/uELy5maIfW— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) October 13, 2020
“C’est surtout pour les enfants que nous avons été inquiets”, confie-t-on parmi les sympathisants de la mosquée. “Ils ont interrogé ma fille sur ce qu’elle apprenait, en la prenant individuellement et en prenant des photographies des supports de cours”, explique une mère de famille dont l’enfant fréquente l’association.
L’équipe de la mosquée confirme: l’un des agents a demandé à ce que le cours soit poursuivi, afin justement d’écouter ce que disaient les enseignantes, puis a interrogé les enfants directement.
Dans un témoignage exclusif, l’équipe de la mosquée et les enseignantes confient leur sentiment à la Plateforme L.E.S Musulmans.
Pour soutenir les familles et les enfants, la Plateforme L.E.S Musulmans a mobilisé dès le cours suivant une psychologue spécialisée, afin de rassurer les élèves, leurs parents et les enseignants et ainsi leur permettre de traverser au mieux les conséquences de cette perquisition.
L’émotion qu’a suscité cette atteinte à la dignité des fidèles, à l’intégrité d’un lieu de culte et surtout à l’innocence comme à la vulnérabilité des enfants a été très vive, dépassant tous les clivages et toutes les sensibilités au sein des communautés musulmanes.
Sans tarder, des collectifs de mosquées et d’associations se sont constitués partout à travers le territoire national pour d’une part apporter leur soutien aux fidèles et à l’équipe de la mosquée Omar, d’autre part pour marquer leur volonté et leur détermination à protéger l’intégrité et la continuité des activités, au sein des structures musulmanes. Ces dernières sont invitées à rejoindre cet élan de mobilisation et de travail en commun, sans précédent.
La Plateforme L.E.S Musulmans, partie prenante de ces collectifs, apporte tout son soutien, grâce à ses équipes professionnelles et à rendu public, au service des mosquées et associations, son plan global de soutien et de protection des structures musulmanes.
Un effort qui, nous l’espérons toutes et tous, permettra d’éviter que d’autres enfants, d’autres familles et d’autres mosquées ou associations, aient à subir un traitement d’exception, là où le dialogue et le simple respect des libertés fondamentales aurait toujours dû prévaloir.