La plateforme L.E.S. Musulmans dénonce fermement la montée des propos islamophobes qui ont ponctué les différents débats télévisés suite à la campagne d’affiche de la FCPE.

Au-delà du sujet portant sur les mamans en foulards et les sorties scolaires (voir notre position), les propos incitants à la haine s’enchaînent. Pour ne citer que les derniers en date, nous vous listons ici les passages en question :

Chaîne : CNEWS
Programme : L’heure des prosDate de diffusion : 24 septembre 2019 Heure : 9h16

Intervenant : Charlotte d’Ornellas

Chaîne : CNEWS
Programme : PunchlineDate de diffusion : 24 septembre 2019 Heure : 19h16

Intervenant : Mohamed Sifaoui

Chaîne : LCI
Programme : Audrey and CO

Date de diffusion : 24 septembre 2019 Heure : 10h35

Intervenant : Lydia Guirous

C’est dans ce contexte de propos indignes et du climat nauséabond que subissent les musulmans, que La Plateforme a saisi le Conseil Supérieur de l‘Audiovisuel (CSA) afin d’inciter son directeur à prendre position.

L’heure est grave et elle appelle à une action volontariste. Il est temps que le Conseil, comme il l’a récemment fait contre des propos ouvertement homophobes, prenne ses responsabilités face à la monté et à la banalisation de la parole islamophobe.

Notre lettre :

Le 26 Septembre 2019.

Monsieur Roch-Olivier Maistre

Monsieur,

En tant que président du CSA, vous avez la charge de veiller, sur les antennes de radio et de télévision, au respect de la pluralité des débats et des lois en vigueur, notamment en matière de lutte contre les discriminations, d’apologie du terrorisme, d’incitation à la haine envers toute personne ou communauté visée.

C’est notamment à ce titre que le CSA a, récemment, pris des décisions et des sanctions sous forme de suspension ou de lourdes amendes contre des émissions et chaînes ayant franchi ces limites.

Pourtant, s’agissant des musulmans, il ne se passe pas une semaine sans que des débats télévisés donnent lieu, en l’absence de toute contradiction sur le plateau, à un flot de déclarations toutes plus racistes les unes que les autres, sans que le CSA intervienne à ce jour pour mettre un coup d’arrêt à des pratiques qui, en plus de ne respecter aucun principe de déontologie journalistique (débat contradictoire, vérification des faits, etc.), jettent nos concitoyens musulmans en pâture à une frange des téléspectateurs, réceptifs à des idéologies islamophobes et racistes.

Ces discours ont des conséquences dans le monde réel :

Agressions, attaques de mosquées, discriminations, tentatives de meurtre, dégradations… L’examen approfondi de ces dossiers sans cesse plus nombreux, montre que les gens qui passent à l’acte sont nourris et influencés par ces discours qui, sans contradiction et répétés ad nauseam, participent à forger l’imaginaire collectif et les normes de violences devenues désormais acceptables, surtout, lorsqu’elles visent des musulmans qu’on a médiatiquement déshumanisés.

Il vous appartient donc d’agir avec la plus grande fermeté, conformément à votre mandat, afin que les discours de haine et de stigmatisation des musulmans soient explicitement et lourdement sanctionnés.

À titre indicatif, voici quelques passages récents visés par des saisines massives du CSA, sur lesquels nous appelons tout particulièrement votre vigilance :

Chaîne : CNEWS
Programme : L’heure des pros
Date de diffusion : 24/09/2019
Heure : 9h16
Intervenant : Charlotte d’Ornellas

Chaîne : CNEWS
Programme : Punchline
Date de diffusion : 24/09/2019
Heure : 19h16
Intervenant : Mohamed Sifaoui

Chaîne : LCI
Programme : Audrey and CO
Date de diffusion : 24/09/2019
Heure : 10h35
Intervenant : Lydia Guirous

Nous suivrons avec la plus grande attention les décisions que vous rendrez suite à ces saisines et, au-delà, l’action que vous mènerez pour que les chaînes appliquent les règles déontologiques qui s’imposent, de manière pro-active plutôt qu’une fois le mal fait.

À ce titre, nous souhaiterions convenir d’une audience formelle avec vous et vos équipes, à votre convenance, afin de vous exposer des mesures concrètes dans ce sens :

– Respect de la diversité dans les équipes radio/TV, puisqu’à ce jour les minorités sont massivement sous-représentées, notamment (mais pas uniquement) sur les chaînes de service public

– Présence systématique d’intervenants musulmans représentatifs lors des débats qui les concernent

– Audit annuel des programmes et évaluation, spécifiquement sur les discours de haine dans les médias radio-télévisés, toutes communautés confondues

Monsieur le président, nous vous remercions de toute l’attention que vous porterez à cet aspect crucial de votre mission et nous tenons à disposition, ainsi que les centaines d’associations que nous représentons et nos milliers d’adhérents, afin de vous soutenir dans son accomplissement.

Respectueuses salutations,

L.E.S. Musulmans. 

Parallèlement à ce lettre, il est de notre devoir de citoyen, au-delà de la colère légitime que ces propos suscitent de passer à l’action : « Pour ne plus subir, agir »

 

 

Choc. Pour la énième fois de l’année, un hebdomadaire de premier plan fait sa Une sur les musulmans. Sans surprise, il est une nouvelle fois question de s’inquiéter, de s’alarmer, d’alerter, de briser l’omerta sur… ce que pensent les musulmans.

C’est que, tels des objets d’étude fascinant ce que la France compte de pourfendeurs de la bien-pensance™, nos concitoyens de confession musulmane font l’objet de toutes les attentions, le plus souvent à leur détriment. Rarement pour parler des réalités qu’ils traversent ou de leurs aspirations profondes.

Malgré le souhait (rarement interrogé, celui-ci) d’apporter leur contribution à la survie d’une presse si moribonde qu’elle se trouve acculée cycliquement à jeter leur dignité en grand tirage, les musulmans observent avec lassitude le délitement d’une éthique journalistique qui ne se soucie même plus des apparences.

Mais que dit Le Point de cette étude retentissante sur « ce que pensent les musulmans » ?

Après lecture attentive des pages de ce dossier ayant suscité le débat dans une large partie de la presse, nous avons décortiqué pour vous de A à Z l’essentiel des conclusions. Et qu’apprend-t-on ?

Strictement rien.

La méthodologie de l’étude est inexistante.

On ne saura pas comment est constitué l’échantillon des personnes sondées. Ni la manière dont on a isolé des musulmans, dans un pays où les statistiques ethniques et religieuses sont pourtant rigoureusement interdites. On ne trouve l’intégralité ou le cadrage de l’étude ni chez Le Point, ni à l’IFOP.

On ne saura pas non plus, malgré l’émotion certaine qu’une telle nouvelle aurait suscité parmi les géographes, où se situe exactement la Musulmanie, dont les ressortissants partageraient cette fameuse « origine musulmane » que mentionne Le Point.

Par contre, on découvrira – choc – que les musulmans sont divers et – re-choc – qu’ils sont croyants. On s’alarmera des taux de présence à la prière du vendredi et on s’indignera que les citoyens de confession musulmane dénoncent une vision dévoyée de la laïcité, lorsque celle-ci est instrumentalisée pour légitimer leur exclusion.

Et comme les conclusions de l’étude n’apportent rien de nouveau, on la complètera par des témoignages et des citations de polémistes et d’intervenants, tous triés sur le volet pour leurs opinions hostiles aux musulmans et s’étant déjà faits remarquer pour une lecture idéologique – et souvent franchement raciste – des communautés musulmanes en France.

Sans rompre avec les poncifs islamophobes les plus usés (le nombre des musulmans, la laïcité et les musulmans, l’islamité des musulmans, l’hostilité des musulmans…), Le Point continue d’alimenter les fantasmes racistes d’un islam imaginaire, en contradiction directe avec l’islam du réel. Celui des gens, celui des citoyens, celui des êtres humains qui ont choisi l’islam pour religion.

À force de penser les musulmans plutôt que de les entendre, on crée un mur qui finit par devenir infranchissable, fait d’incompréhension et de rejet.

Sans surprise, les musulmans comprennent les tentatives médiatiques et politiques de les stigmatiser et, puisque les auteurs de cette étude alarmante sont si soucieux de savoir ce que ceux-ci pensent, qu’il nous soit permis de partager avec eux ce que disent les musulmans de leur travail. Ou de son absence.

Sondage sur le traitement médiatique des musulmans

C’est avec une très vive émotion que nous apprenons qu’une femme musulmane, portant un foulard, a été agressée hier, mercredi 11 septembre, à Sury-le-Comtal (Loire) alors qu’elle était accompagnée de son époux et de ses deux enfants.

Gravement touchée au cou, au sternum et au dos lors de cette tentative de meurtre au couteau, cette mère de famille est aujourd’hui dans une situation préoccupante : son pronostic vital est en effet engagé.

La plateforme L.E.S. Musulmans témoigne sa solidarité et son soutien à la victime ainsi que sa famille et se tient à leur disposition. Nous prions pour son prompt rétablissement.

Cet évènement tragique, qui fait suite à une escalade dans la violence et la gravité des attaques visant les musulmans, convoque la responsabilité des pouvoirs publics et la vigilance de tous. La condamnation franche et sans ambiguïté, la prévention et la répression de tels actes s’imposent de toute urgence.

À l’heure où certains évoquent déjà des « troubles psychiatriques » et un « fort état d’ébriété » pour exonérer l’assaillant, nous exigeons que cette attaque fasse l’objet d’une enquête approfondie, en tenant compte du possible motif islamophobe, conformément aux directives de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qu’a ratifié la France.

Nous assistons ces derniers mois à une surenchère et à une banalisation des violences et des discours islamophobes, passant des insultes aux discriminations, aux dégradations de lieux de culte, à la tentative de meurtre d’un imam, puis aux attaques contre des femmes, avec désormais la volonté manifeste de tuer.

Soyons pleinement conscients qu’il s’agit d’un moment décisif en France où, plus que jamais, il est nécessaire que tout le monde fasse front contre l’islamophobie, plutôt que de revendiquer le droit de s’en réclamer.
 
Paris, le 12 septembre 2019

Vendredi 28 juin, au lendemain de l’attentat survenu aux abords de la mosquée Sunna à Brest, l’imam Rachid Eljay a dû de nouveau retourner au bloc opératoire pour subir une seconde intervention chirurgicale. Contrairement à ce qui a été annoncé dans plusieurs médias, ses blessures n’étaient pas légères, même si son pronostic vital n’est heureusement pas engagé. Il en est de même pour Osmane, membre de l’association locale, lui aussi en soins intensifs après être passé sur la table d’opération jeudi : le terroriste qui a tenté d’assassiner Rachid Eljay l’a en effet sérieusement blessé.

La tentative d’assassinat est évidente. Pourtant, plusieurs personnalités politiques et un certain nombre de médias peu scrupuleux ont rapidement minimisé la gravité de ce qui n’est rien d’autre qu’un attentat. Pire, ils ont choisi d’inverser complètement les rôles en tenant responsable Rachid Eljay responsable : inversion accusatoire qui absout l’agresseur et accable la victime.

Redisons-le : l’intention de tuer Rachid Eljay est claire et manifeste. Sans le courage d’Osmane qui s’est interposé entre le terroriste et l’imam, ce dernier ne serait peut-être plus des nôtres. Ajoutons que le mobile idéologique a été revendiqué et la préméditation établie.

Totalement mobilisée, la plateforme L.E.S. Musulmans est déterminée à faire toute la lumière tant sur cette attaque que sur les responsabilités politiques et médiatiques qui l’ont rendue possible. Pour l’heure, qu’il nous soit permis de rétablir la vérité, une bonne fois pour toutes, sur qui est Rachid Eljay.

Diabolisé par les islamophobes, respecté par les musulmans, consulté par les experts

Brestois de naissance, Rachid Eljay s’est impliqué dès son plus jeune âge dans la mosquée de sa ville, étudiant l’islam auprès de son imam. Très tôt, à l’âge où beaucoup ont d’autres préoccupations, il assuma des responsabilités, en devenant à son tour imam et responsable de la mosquée locale.

Rachid est rapidement devenu l’un des prédicateurs en ligne les plus actifs et les plus en vue, doué de capacités pédagogiques rares et d’un sens des réalités qui lui ont offert l’oreille de centaines de milliers de femmes et d’hommes, jeunes et moins jeunes en France et au-delà dans le monde francophone.

Comme tous les êtres humains, Rachid n’est pas infaillible. Il a été mis en cause sur des déclarations (quelques secondes parmi des centaines d’heures de vidéo et de prêches, dont l’immense majorité est accessible à tous sur internet), le plus souvent sorties de leur contexte, qui ont été instrumentalisées et utilisées pour dresser de lui un portrait aux antipodes de sa personnalité, libérant la parole islamophobe à son encontre.

L’instrumentalisation des propos incriminés et leur surmédiatisation a valu à Rachid d’être régulièrement menacé de mort par la frange la plus extrême des islamophobes, qui voient en lui l’incarnation du mal. Dans le même temps, les terroristes de Daesh ont publiquement appelé à l’exécuter. Pour ces derniers, Rachid est une cible prioritaire, puisque depuis des années il est l’imam le plus actif et le plus efficace pour convaincre des jeunes de ne pas les rejoindre. Ce travail sans relâche contre le terrorisme tant honni par le groupe Etat islamique est systématiquement tu par leur pendant islamophobe.

Avec près de deux millions de personnes qui suivent quotidiennement son travail, toutes tendances confondues, Rachid est ainsi devenu par sa simplicité, son message de rassemblement et d’appel à une spiritualité pure, en phase avec nos réalités de musulmans en France, l’imam le plus populaire d’Europe.

Rachid Eljay est pourtant reconnu pour ses compétences et son expertise, qui lui valent d’être régulièrement consulté par des centres de recherche internationaux, lesquels reconnaissent en son travail l’une des démarches les plus structurées et les plus efficaces dans la déconstruction des idéologies terroristes.

Rachid Eljay, notre frère, notre ami

Malgré tout, malgré les attaques médiatiques, malgré les caricatures, malgré les menaces de mort, Rachid Eljay ne se départit ni de son enthousiasme, ni de sa détermination, ni de cette bonne humeur communicative, que lui reconnaissent tant les fidèles de la mosquée où il officie, ainsi que les pèlerins qui ont eu l’occasion de l’accompagner sur les lieux saints de l’islam.

Depuis 18 mois, pendant la genèse de la grande consultation des musulmans puis lors de la création de la plateforme L.E.S. Musulmans, dont il est l’un des co-fondateurs les plus actifs, il n’a cessé de démontrer son souci du bien commun, son respect de toutes les opinions et, plus que tout, son souhait d’une communauté musulmane pleinement épanouie, dans une relation d’apaisement et d’inclusion tranquille au sein du contexte français, trop souvent en proie à des crispations et des polémiques, en matière d’islam et de présence musulmane.

Ainsi, à l’heure où des calomniateurs et des polémistes sont prêts à tout pour dresser de lui un tableau négatif et mensonger, où la gravité de l’attaque qui l’a visée est totalement minimisée, nous continuerons à dire la réalité de Rachid Eljay.

Comme nous, soyez nombreux à porter ce témoignage de vérité et d’honneur sur la réputation de notre frère, de notre ami, de notre enseignant, de notre imam.


N.B. : La plateforme L.E.S. Musulmans a mis en place une cellule de crise pour la sécurisation des lieux de culte et la protection des personnalités musulmanes, ainsi que des fidèles.

Nous apprenons avec une vive émotion que notre imam, frère et ami Rachid Eljay a été la cible d’une tentative de meurtre à l’arme à feu cet après-midi aux alentours de 16h devant la mosquée Sunna à Brest. Un membre de son équipe a lui aussi été blessé par balles.

Dans le même temps, à quelques minutes d’intervalle, un homme a envoyé à plusieurs rédactions une lettre dans laquelle il indique vouloir tuer Rachid Eljay.

Nous ignorons pour l’heure s’il s’agit d’une coïncidence ou si l’auteur des tirs est celui qui a rédigé et envoyé cette lettre.

Cette tentative de meurtre visant explicitement un imam dans un lieu de culte atteint un niveau de gravité sans précédent. Elle s’inscrit en outre dans une série d’attaques constantes de personnalités politiques et médiatiques contre l’imam Rachid Eljay, devenu en quelques années la cible privilégiée de leur haine et de leur islamophobie.

Rachid Eljay, imam-enseignant auprès de centaines de milliers de personnes et co-fondateur de la plateforme L.E.S. Musulmans, n’a cessé d’œuvrer à l’éducation, à la responsabilisation, à la paix entre tous dans ses prêches à la mosquée de Brest et ses vidéos sur Internet.

Dans ces moments, nous prions pour eux et nous tenons auprès de leur famille, nuit et jour, en espérant leur prompt rétablissement. Rachid Eljay et la seconde victime sont actuellement à l’hôpital afin d’y être soignés.

Nous exigeons des pouvoirs publics qu’ils prennent de toute urgence toutes les mesures nécessaires pour protéger les lieux de cultes musulmans et assurer la sécurité des imams et des personnalités musulmanes visés par des discours racistes et des menaces.

Il est temps que l’État prenne toutes ses responsabilités face au risque terroriste islamophobe qui vise les citoyens de confession musulmane, comme l’a relevé à plusieurs reprises le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner.

Paris, le 27 juin 2019

L’amendement qui prévoyait d’interdire aux mamans portant un foulard d’accompagner élèves et professeurs lors des sorties scolaires a été abandonné ce jeudi 13 juin par les députés et sénateurs réunis à l’occasion d’une commission paritaire préparant l’examen de la loi sur l’éducation, la loi dite « Blanquer ».

Mamans accompagnatrices : la plateforme L.E.S. Musulmans s’oppose à un texte liberticide

Proposé par le groupe Les Républicains au Sénat, cet amendement liberticide avait été voté le 15 mai dernier. Grâce à votre mobilisation ainsi que le travail des associations, en particulier l’action ciblée de notre partenaire le CCIF, les partis politiques et le gouvernement ont entendu notre large opposition à un tel recul des libertés fondamentales.

Félicitations à toutes les personnes qui se sont mobilisées. Il faut aussi se satisfaire de cet acte de lucidité que représente l’abandon de cet amendement, tout en restant très vigilants quant à la suite des débats, pour éviter toute nouvelle tentative similaire à l’avenir.

Enfin, un bilan de l’impact des lois de 2004 et 2010 sur l’exclusion des femmes musulmanes, dans l’accès au travail et l’éducation et plus généralement dans la société s’impose. Soucieuse que les libertés et le vivre-ensemble soit préservés, la plateforme L.E.S. Musulmans lance un appel pour qu’une telle initiative voit au plus vite le jour.

Paris, jeudi 13 juin 2019.
La plateforme L.E.S. Musulmans
www.lesmusulmans.fr
contact@lesmusulmans.fr

La plateforme L.E.S. Musulmans s’oppose à l’exclusion des femmes portant un foulard

« Le Sénat interdit le port du voile lors des sorties scolaires » ; c’est en ces termes que les sénateurs Les Républicains ont affiché leur volonté de stigmatiser une fois encore les femmes musulmanes. Alors que l’amendement voté visait prétendument l’ensemble des signes religieux, l’intention est claire : poursuivre la stigmatisation des musulmans électoraliste des musulmans, pour palier à l’absence de projet politique. Revenons sur l’état du droit :

  • Il n’y a pas de vide juridique. La loi permet explicitement aux parents accompagnateurs lors des sorties scolaires de porter la tenue de leur choix, dès lors qu’il n’y a ni troubles à l’ordre public ni prosélytisme.
  • Le Conseil d’État a déjà statué sur cette question : les mamans portant un voile ne sont pas concernées par la loi sur les signes religieux à l’école.
  • Dans une décision du 9 juin 2015, le tribunal administratif de Nice a rappelé le droit : les parents accompagnateurs lors des sorties scolaires doivent être considérés comme des usagers du service public et ne subir de restrictions relatives à leurs convictions religieuses.

Alors que la France connaît de grandes tensions depuis six mois, que la crise économique et sociale n’a jamais été aussi saillante, des politiciens choisissent de s’en prendre à des femmes, à des enfants et à leurs établissements scolaires : en choisissant d’interdire à des mamans d’offrir bénévolement de leur temps à l’école de leurs enfants, Les Républicains nient leurs droits et organisent plus encore la précarité et l’exclusion d’écoliers qui, faute de personnel encadrant, ne pourront plus bénéficier de sorties scolaires, sans que le gouvernement ne s’oppose à un tel projet avec la fermeté nécessaire.

En conséquence, la plateforme L.E.S. Musulmans et le collectif contre l’islamophobie en France s’opposent fermement au vote de cet amendement à l’Assemblée nationale et demande au gouvernement de marquer clairement son opposition à un tel projet liberticide.

Nous appelons à la mobilisation de chacun pour mettre un terme à cette surenchère islamophobe qui désormais n’affecte plus les seuls musulmans, mais met en péril les valeurs cardinales et la devise du pays. Pour cela, trois actions simples :

  1. L’ensemble des femmes et des hommes politiques attachés au principe de liberté, inhérent à celui de laïcité, peuvent manifester clairement leur opposition à cette amendement contraire aux libertés fondamentales, sans complaisance.
  2. Les citoyens peuvent envoyer un mail à leurs élus locaux, députés et maires, afin de leur signifier leur ferme volonté de les voir marquer leur désaccord. (Retrouvez le contact mail du député dont vous dépendez, entrez ici le nom de votre commune / circonscription).
  3. Toute exclusion de parent accompagnateur doit faire l’objet d’un signalement et donnera lieu à des poursuites judiciaires systématiques, dans toutes les juridictions ou ce sera nécessaire.

La plateforme L.E.S. Musulmans restera mobilisée jusqu’à l’abandon total de cet amendement.

La plateforme L.E.S. Musulmans
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Ramadan, c’est le mois du jeûne. Au-delà de l’effort physique que représente la privation de nourriture et de boisson, c’est un exercice spirituel et de dévotion qui est recherché, comme un pur acte d’adoration envers Dieu. Ce mois est l’occasion de renouer le pacte qui nous lie à notre Seigneur et renforcer notre foi en Lui. Une fois le jeûne rompu, Il ne s’agit pas d’abuser du repas servi ou de se priver abusivement, mais de tout simplement manger à sa faim, de bien s’hydrater et de reprendre le contrôle de soi et de son corps. La plupart des jeûneurs observent après quelques jours une adaptation du rythme chrono-nutritionnel, à mesure que leur corps s’ajuste au mois de Ramadan.

Ramadan, c’est le mois du Coran. On oublie souvent de rappeler que c’est le mois béni durant lequel le Coran a été révélé. Les musulmans sont ainsi invités à tisser avec leur livre saint un rapport intense et intime, à travers une lecture quotidienne. Chacun va à son rythme. L’important est de profiter de cette occasion pour découvrir et redécouvrir la Parole de Dieu, tout en effectuant un acte d’adoration, à travers la récitation et la méditation des versets. C’est aussi une opportunité pour les non-arabophones, de découvrir cette langue et d’essayer, auprès des mosquées et des écoles, d’acquérir les bases de la lecture. Celle-ci est facilitée par toutes les prières nocturnes qui ont lieu dans les mosquées, lors du Tarawih.

Ramadan, c’est le mois du partage. Les plus beaux souvenirs de notre enfance sont marqués par les fêtes et les temps familiaux qui les accompagnent, dont les deux Aïd et le jeûne du mois de Ramadan font partie. Un repas familial partagé avec les amis, les voisins et les proches, mais aussi avec les personnes seules de notre entourage, est toujours une bonne occasion de resserrer les liens, de passer un moment convivial mais aussi de se rappeler des bienfaits dont Allah (swt) nous a gratifié. Quelle que soit la quantité de nourriture, pensez qu’il y en a toujours suffisamment pour la partager avec quelqu’un.

Ramadan, c’est le mois de l’apprentissage. Qu’il s’agisse d’apprendre des versets du Coran, d’apprendre à lire, de s’entraîner à mieux contrôler ses pulsions ou encore de découvrir les vertus du don et du partage, ce mois béni est une formidable école et il fait l’objet d’une promesse de Dieu : les démons sont enchaînés et les portes du bien nous sont grandes ouvertes. C’est donc un contexte idéal pour apprendre et mettre en œuvre des choses positives, que l’on cherchera à maintenir ensuite tout au long de l’année, en remplaçant, chacun selon nos efforts, une mauvaise habitude par une bonne.

Ramadan, c’est le mois du don. Cet acte est formalisé à travers la zakaat el fitr, dont chaque musulman (remplissant les critères) doit s’acquitter avant la prière de l’Aïd, destinée à aider les plus démunis à travers une aide financière et alimentaire. Il prend également la forme de dons libres (les sadaqat) à des personnes ou à des causes charitables. Que l’on donne de l’argent, du temps, de la nourriture, un mot gentil ou un simple sourire, il s’agit pour les musulmans d’être de ceux qui offrent quelque chose de bon et d’utile aux autres, conscients que cela les enrichit et les fait grandir, aussi bien humainement que spirituellement.

Il n’est demandé à aucun musulman d’accomplir des actes surhumains, mais uniquement de faire de son mieux, en respectant les règles simples du mois de Ramadan, tout en faisant, à son échelle, quelques efforts personnels pour s’améliorer. Chaque année devient l’occasion de faire mieux que la précédente.

Ainsi, on aura retenu du jeûne plus que la faim et la soif, mais toute la beauté d’une âme tournée vers son Seigneur, qui s’élève et se réforme à travers des actes accessibles et ressort meilleure, jour après jour.

Dans quelques semaines, cela fera un an que nos équipes ont commencé à travailler à ce qui est en train de devenir un moment historique dans la vie des communautés musulmanes en France.

Un an de travail sans relâche au service de toutes celles et ceux qui ont choisi l’islam pour religion.

Un an d’efforts, de rencontres, de séances de travail, de déplacements, de développements informatiques, de formalités administratives, de conférences pour faire avancer un projet qui se dessinait au fil des échanges et des rencontres.

Un an d’analyse, de réflexion, de réalisation, lors duquel des centaines de bénévoles ont contribué à rendre possible un tournant majeur dans l’auto-organisation des communautés musulmanes en France.

Et les résultats sont là. En moins d’un an et sans le moindre soutien politique ni la moindre subvention, nous avons pu, grâce à Dieu et à vos nombreux soutiens :

  • Mener une consultation d’ampleur nationale sans précédent, qui a permis de redonner la parole aux musulmans dans toute leur diversité, rassemblant plus de 27000 participants.
  • Faire un tour de France des mosquées et des associations, dans plus d’une cinquantaine de villes, pour recueillir leurs besoins, leurs propositions, leurs aspirations et leurs expériences, afin de bénéficier de toutes les bonnes idées.
  • Analyser et restituer les résultats de la grande consultation des musulmans, avec un comité scientifique solide formé de chercheurs de l’INED et du CNRS, en les rendant disponibles pour tous.
  • Fonder une plateforme participative, horizontale et ouverte à toutes les structures musulmanes qui le souhaitent, avec un intranet qui leur est dédié, des fiches pratiques, des espaces de dialogue, permettant la synergie des expériences au service des musulmans.
  • Lancer une assemblée des imams, qui aide ces acteurs indispensables du culte musulman, dans toutes les problématiques qu’ils rencontrent :  qu’il s’agisse de leur formation continue, de prises de positions communes, de rencontres ou d’une bourse de l’emploi.
  • Organiser des groupes de travail et préparer des feuilles de route sur tous les sujets importants issus de la consultation. Ces experts qui se sont penchés sur ces thématiques ont identifié les problématiques et ont priorisé les chantiers à mener, afin d’accomplir un travail de qualité qui sera à la disposition des musulmans (sur le halal, la zakat, l’islamophobie, etc) et de ceux qui sont à leur service : mosquées, école privées musulmanes, instituts de formation en sciences religieuse, etc.
  • Appliquer une politique de la main tendue et nouer des relations de respect et de coopération avec plusieurs fédérations, tout en rassemblant plus de 250 structures directement membres de la plateforme L.E.S. Musulmans, toutes tendances confondues.
  • Nous entamons maintenant la suite du plan de développement de la plateforme L.E.S. Musulmans : sur chaque thématique, de manière sérieuse et professionnelle, développer les projets en partant de la base et en adoptant une démarche concrète et méthodique.

Tout ce travail a, jusqu’ici, été accompli de manière totalement bénévole. Il est temps maintenant, grâce à vos dons et adhésions, de doter la plateforme de moyens professionnels, afin de pouvoir réaliser l’ensemble des projets que les musulmans ont demandé dans les meilleures conditions. En appui des bénévoles qui œuvrent déjà depuis plus d’un an, nous ferons appel à des compétences comptables, juridiques, organisationnelles, en passant par la communication et la gestion de projets.

Notre message pour tous les musulmans est simple : rejoignez-nous pour bâtir ce projet par et pour vous-mêmes. Face à ce moment historique, ne soyons pas des consommateurs passifs, mais des acteurs engagés.

 

La plateforme L.E.S. Musulmans, en partenariat avec le Collectif Contre l’Islamophobie en France, a adressé en date du 21 mars 2019 un courrier au Ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, lui demandant une audience concernant le besoin urgent de sécuriser l’ensemble des 2500 sites musulmans de France, et développer un plan de lutte contre l’islamophobie au vu des dangereuses implications de celle-ci dans notre pays aujourd’hui.

Monsieur le Ministre,

Les communautés musulmanes de France ont été profondément affectées par le double-attentat terroriste qui a visé deux mosquées à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, durant la prière du vendredi. C’est avec effarement que nous avons appris que l’auteur de ce massacre s’était inspiré d’idéologies suprémacistes forgées en France, fréquemment reprises par des personnalités politiques et polémistes de l’extrême-droite française. La banalisation des discours de haine envers les musulmans est d’autant plus inquiétante qu’elle se fait dans une impunité quasi-totale.

Ce constat alarmant s’ajoute au démantèlement récent, par la Direction Générale de la Sécurité Intérieure, de trois réseaux d’extrême-droite qui préparaient des attaques, inspirées par des thèses complotistes à l’égard des musulmans. De son côté, le rapport annuel du Collectif Contre l’Islamophobie en France (CCIF) recense une montée de 52% des actes islamophobes déclarés en 2018. L’urgence grandissante posée par ces chiffres nous forcent à être encore plus vigilants et à procéder à la mise en place de systèmes de protection qui tiennent compte des dangereuses implications de l’islamophobie.

À ce titre, nous saluons votre solidarité à l’égard des victimes de l’attentat terroriste de Christchurch ainsi que votre volonté de renforcer la surveillance des lieux de culte. La sécurité est un droit duquel dépend la liberté de conscience ainsi que la liberté de culte. Aujourd’hui, la France compte près de 2500 lieux de culte musulmans, parmi lesquels seulement moins de la moitié bénéficient des mesures de sécurisation garanties par le fond interministériel de prévention de la délinquance, ou de patrouilles de police lors des moments d’affluence, comme nous avons pu le constater vendredi dernier.

Quelles initiatives entendez-vous entreprendre pour apaiser l’inquiétude grandissante des musulmans de France et restaurer leur confiance ? Face à la menace posée par la hausse des actes islamophobes et la prolifération des discours de haine, il convient de dépasser les mesures de sécurisation ponctuelles, en manifestant un engagement concret et à long-terme contre l’islamophobie.

C’est dans ces circonstances que la plateforme L.E.S. Musulmans, le CCIF et leurs partenaires vous sollicitent afin de demander:

  • Un rehaussement du budget alloué à la sécurisation des sites musulmans afin de couvrir l’ensemble des 2500 lieux recensés en France à travers : l’acquisition et l’installation de matériel de sécurisation, et le déploiement de forces de l’ordre lors de grandes affluences aux abords des mosquées (la prière du vendredi, la période de Ramadan et les fêtes religieuses), en bonne intelligence avec celles-ci.
  • Une convention cadre avec le CCIF afin de développer un plan de lutte contre l’islamophobie et une pénalisation des discours islamophobes sur Internet.

L’islamophobie se construit dans le rejet et dans la haine, et remet directement en cause les principes de liberté, d’égalité et de fraternité. Il est important, dans ces moments, de se positionner sans ambiguïté sur les responsabilités politiques des discours de ceux qui stigmatisent les musulmans, et d’engager des actions concrètes afin d’assurer la sécurité de tous les français.

L.E.S. Musulmans, le CCIF, et leurs partenaires