L’islamophobie n’est pas une réponse à l’antisémitisme
Les statistiques publiées la semaine dernière par le ministère de l’Intérieur ont indiqué une augmentation de 74% du nombre d’attaques antisémites en France, passant de 311 en 2017 à 541 en 2018. La montée de l’antisémitisme qui sévit dans notre pays doit être dénoncée, combattue et sanctionnée au même titre que toutes les formes de racisme.
Malheureusement, force est de constater que ce qui aurait pu constituer une occasion de rassemblement et d’unité pour faire face collectivement à la haine, se transforme depuis quelques jours en offensive islamophobe.
Une déferlante islamophobe
Du député Eric Ciotti, qui préconise l’interdiction du voile pour les mères accompagnatrices de sorties scolaires, à Dorothée Moureaux, directrice d’école qui veut « mettre au pas les musulmans » en passant par Manuel Valls, candidat à la mairie de Barcelone, qui fantasme un « antisémitisme ancré dans la culture musulmane », tous ont un coupable désigné : le musulman.
Nous sommes à un moment où la haine ne se cache plus et où l’opportunisme politique est sans limites, peu importent les conséquences sur la population. Ces discours, qui se répandent comme une traînée de poudre sur les plateaux télévisés comme sur les réseaux sociaux, ne sont pas le fait des seuls groupuscules identitaires d’extrême droite, mais de personnalités politiques et médiatiques, qui savent qu’elles peuvent se lancer dans une surenchère islamophobe, sans être inquiétées.
« Antisémitisme musulman » pour les uns ou « antisémitisme islamique » pour les autres, autant d’affirmations qui ne sont bien évidemment appuyées par aucun chiffre, aucune étude et aucun rapport sérieux, comme il serait tout aussi absurde de parler d’une « islamophobie juive » ou d’une « christianophobie hindoue ». Les individus sont responsables de leurs actes, pas de leur couleur de peau ni de leur religion.
Luttons contre tous les racismes
Dès lors, on comprend que la principale fonction de ces mises en cause n’est pas de lutter égalitairement contre toutes les formes de racisme, dont l’antisémitisme et l’islamophobie sont des composantes contemporaines, mais plutôt de désigner des ennemis : les musulmans.
S’il faut dénoncer avec force et sans aucune concession ces amalgames volontaires et accusations diffamatoires contre les musulmans, c’est tout simplement parce qu’elles ont des conséquences destructrices sur les relations entre nos concitoyens et entretiennent le climat délétère dans lequel ils évoluent.
Il faut s’attacher à lutter de manière juste et égalitaire contre toutes les formes de racisme et de discrimination, plutôt que de monter les communautés religieuses les unes contre les autres.
Le président Macron doit réagir
Nous en appelons à l’État et au président de la République, élu notamment pour faire barrage au Front National, afin qu’il prenne ses responsabilités en la matière. Il lui revient de mener une politique de rassemblement et de lutte égalitaire contre tous les racismes, sans céder aux passions tristes qui antagonisent la société.
Nous attirons l’attention du CSA avec inquiétude et gravité, afin qu’il fasse preuve d’une vigilance renouvelée, quant aux discours islamophobes qui se diffusent sans la moindre contradiction, sur nombre de plateaux télé et radio.
Enfin, nous demandons à tous nos concitoyens une exigence renouvelée, quant aux actes de discrimination et de violence, en les appelant à faire œuvre de solidarité avec toutes les communautés cibles du racisme, notamment en soutenant les associations assistant les victimes de ces actes.