Ramadan, solidarité et crise sanitaire : comment s’organisent les mosquées ?
Cela va faire 20 jours que les musulmans ont accueilli le mois de ramadan. Cette année, ce mois béni a été précédé d’une crise sanitaire majeure qui a obligé les fidèles et les responsables religieux à aménager et réajuster certaines de leurs habitudes. Parmi elles : l’usage des lieux de culte, les prières collectives, les repas en famille mais aussi les très nombreuses initiatives de solidarité qui, chaque année, accompagnent le mois de ramadan. Les mosquées, entre autres, ont dû s’adapter pour poursuivre leurs missions notamment en termes d’aide alimentaire. Pour en parler, nous avons interrogé Enis Chabchoub, le président de l’association des Musulmans de Noisy-le-Grand.
La plateforme : Cela fait plusieurs années que vous menez des actions de solidarité durant le mois de ramadan. Cette année, le contexte était particulier… Qu’est-ce qui a changé pour vous ?
Enis Chabchoub : Beaucoup de choses, notamment en ce qui concerne l’aide alimentaire. À Noisy-le-Grand, nous avions l’habitude de demander aux familles de préparer des repas et de les amener à la mosquée, pour ensuite faire une distribution après la prière du Maghreb. La mosquée du Champy distribuait en moyenne 100 repas par jour et celle du Pavé neuf, une quarantaine en moyenne. Afin d’éviter les manques ou surplus de nourriture, nous avions mis en place un planning pour que les gens puissent s’inscrire et annoncer ce qu’ils allaient apporter. C’est ce qu’on faisait principalement au quotidien après chaque iftar. Puis pour la fin du ramadan, notamment pour Zakat al Fitr, il y avait une distribution de paniers alimentaires et une aide financière pour les familles qui étaient dans le besoin. Néanmoins, cette année à cause du covid-19, il y a pas mal de familles qui se sont retrouvées dans le besoin. On a donc ouvert cette possibilité de faire des colis alimentaires en plus des repas de rupture du jeûne. Donc des gens peuvent nous faire dons de denrées alimentaires et quand les familles viennent, on leur prépare un panier. C’est face aux difficultés que rencontrent les familles que nous avons pris l’initiative d’ouvrir cette possibilité dès le début du ramadan.
La plateforme : Justement, en parlant des difficultés rencontrées par de nombreuses familles, comment les fidèles vivent ces situations, à la fois les impacts de cette crise sanitaire et le fait de vivre un ramadan confiné ?
Enis Chabchoub : Il y a tellement de niveaux. Pour les personnes âgées, les prières quotidiennes ponctuaient vraiment les journées… et là, c’est vrai qu’être confiné à la maison, c’est assez dur pour elles. Il faut savoir que la prière à la mosquée leur permettait de sortir un peu du domicile et d’avoir une occupation. Donc, il y a une vraie difficulté humaine pour ces gens. À cela s’ajoutent les besoins, les manques financiers. Cette crise a clairement renforcé les inégalités sociales. On le voit : les pauvres sont vraiment beaucoup plus pauvres et ceux qui étaient ric-rac le sont encore plus. Il y a aussi ces familles dont les enfants mangeaient à la cantine, pour des petites sommes, 1 euro, 1 euro 50, et pour lesquels ça constituait parfois le seul vrai repas de la journée. Et bien là, avec le confinement, ça devient un gouffre pour certains ménages, notamment pour ceux qui travaillaient et qui avaient des primes en plus de leurs bas salaires. Aujourd’hui, il n’y a plus de primes et le chômage partiel ne résout pas vraiment les problèmes financiers… Donc voilà, c’est dans ce contexte social qu’on intervient. Et forcément, on a beaucoup de demandes, beaucoup d’appels à l’aide. On a même eu des demandes venant de non-musulmans. Évidemment, comme on ne fait aucune distinction de religion, de race, ou de quoi que ce soit d’autre entre les bénéficiaires, on a répondu favorablement, que ce soit pour des iftars ou des colis alimentaires.
La plateforme : Comment se déroulent les distributions de ces aides dans le contexte que nous connaissons ?
Enis Chabchoub : Cette année, comme on ne peut pas faire d’iftar dans les mosquées, du fait de la crise sanitaire, on distribue. Dans chacune des deux mosquées, il y a 100 à 110 repas qui sont préparés chaque soir. Il y a des soirs, par exemple, où nous sommes allés jusqu’à 160 repas préparés mais on essaie, en général, de rester autour des 100 repas. On augmente en fonction de la demande. Les colis alimentaires sont remis au fur et à mesure… ça passe beaucoup par du bouche à oreille. On a toujours des colis prêts dans les mosquées pour être sûr que quand une famille se présente, on puisse lui donner. Quant à l’aide financière, je pense qu’on commencera à la fournir début mai. Pour ce faire, on va procéder en demandant les RIB aux familles qui ont besoin d’un soutien, puis leur virer la somme nécessaire directement depuis la cagnotte que nous avons lancée et sur laquelle nous continuons de récolter des dons.
La plateforme : Combien de bénévoles sont mobilisés en tout ?
Enis Chabchoub : Dans chacune de nos deux mosquées, Champy et Pavé du neuf, il y a à peu près 15 à 20 bénévoles à chaque fois. Cela comprend aussi bien les bénévoles de l’équipe cuisine que ceux qui préparent les paniers repas. On a aussi les personnes qui se chargent de la sécurité à l’extérieur pour maintenir les distances et orienter les gens. Enfin, nous avons les bénévoles qui réceptionnent les colis alimentaires et les distribuent.
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Publiée par Musulmans de Noisy le Grand sur Dimanche 26 avril 2020