Yacine : « chacun d’entre nous peut apporter de l’espoir, même ponctuellement, aux personnes les plus fragiles »

Courage et générosité, deux adjectifs pour qualifier Yacine, cet acteur associatif engagé de 32 ans. Entrepreneur dans le domaine de l’agroalimentaire et l’emballage, il est président de l’association « Un Nouveau Visage » depuis maintenant 12 ans. Une association qui a pour but d’améliorer le quotidien des enfants dans le monde, travaillant actuellement dans les camps de réfugiés de Palestine.  Dans cet entretien, il revient sur les raisons qui l’ont poussée à s’investir dans le monde humanitaire.

 

1/ Comment et pourquoi tu en es venu à cet engagement associatif ? Pourquoi c’est important pour toi de t’investir autant ?

 En 2008, on m’avait donné l’opportunité de participer à un projet humanitaire en Palestine occupée, afin de financer un centre aéré pour les enfants des camps de réfugiés. J’ai accepté pour le caractère solidaire de cette mission mais aussi pour enfin voir de mes yeux la situation des Palestiniens, que l’on défendait depuis notre adolescence, sans réellement maîtriser le sujet. Suite à ce voyage, j’ai eu l’intime conviction de pouvoir aider sur le long terme ces enfants, ces familles qui se trouvent dans une situation intolérable. Face à la réalité du terrain, je ne pouvais plus être un acteur passif, et j’ai donc décidé de créer l’association « Un Nouveau Visage ». Je pense foncièrement, que chacun d’entre nous peut apporter de l’espoir, même ponctuellement, aux personnes les plus fragiles. Fermer les yeux face aux injustices c’est dans un certain sens accepter cette idée que nos vies n’ont pas toute la même valeur. Et pour moi, c’est inconcevable. Au-delà des missions et des programmes humanitaires, s’investir c’est aussi permettre de rassembler et cela sans frontières, des milliers de personnes autour des valeurs de justice et de solidarité. Et qui par la suite, transmettront à leur tour ces valeurs.

 

2/ Peux-tu nous parler de l’association « Un nouveau visage » ? Que faites-vous concrètement ?

L’association Un Nouveau Visage est née en 2008 et est devenue officielle en 2014. Notre association a pour vocation d’intervenir pour améliorer le quotidien des enfants et cela partout dans le monde. Nous travaillons et intervenons dans les camps de réfugiés de Palestine et plus principalement dans le camp de Balata, qui est le camp le plus peuplé avec plus de 30 000 réfugiés sur seulement 0,25 km2. Nos programmes de solidarité se concentrent sur l’éducation, la santé et les loisirs. Nous estimons que ces aspects sont les plus importants afin d’accompagner et de faciliter l’épanouissement physique et psychologique des enfants vivant l’occupation et la guerre. Le projet « Un nouveau visage pour Habiba et Leyane » représente fondamentalement le fonctionnement de notre association. La vie de ces deux jeunes palestiniennes a basculé, lorsque leur maison a brûlée suite aux coupures intempestives, quotidiennes et à la vétusté des installations électriques dans les camps de réfugiés. Brûlées de la tête aux pieds, nous nous sommes organisés afin de pouvoir financer leurs opérations ici en France. Mais au-delà des interventions chirurgicales, nous devions aussi tenir compte des traumatismes psychologiques face à la perte de leur sœur, Adyane 10 ans, dans ce même incendie.

Nous intervenons aussi dans l’accompagnement éducatif, en finançant des kits, des uniformes pour la rentrée scolaire des enfants des camps de réfugiés. Nous finançons du matériel spécialisé pour les enfants atteint de maladie ou d’un handicap afin de faciliter son apprentissage, son autonomie et améliorer son bien-être. L’association « Un Nouveau Visage » intervient également via des programmes de distribution alimentaire pour les familles les plus démunies, permettant d’apporter dignité et amélioration des conditions de vie. 

De nouveaux projets sont constamment en gestation et nous aspirons à transporter nos programmes dans d’autres pays, notamment le Maroc. Il est important de souligner que notre idée de l’humanitaire réside dans le fait d’apporter des projets innovateurs, essentiels et pertinents mais surtout permettant l’autonomie et l’auto financement à moyen et long terme.Nos actions ont vocation à intervenir de bout en bout, en essayant de prendre en compte les paramètres essentiels qui concourent  à la protection et au développement de l’enfant. 

 

3/ Tu peux nous en dire plus sur la création d’une étude que tu fais en lien avec une ONG INTERNATIONALE rattachée à l’ONU ?

Avec le temps et l’expérience accumulée au fil des années et de nos interventions sur le terrain, j’ai souhaité pouvoir me rendre utile et cela au-delà des actions humaines. Je pense que la solidarité internationale réside certainement aussi dans une perspective intellectuelle.

Aujourd’hui, la diffusion d’informations incomplètes et erronées est monnaie courante. Mais il est primordial de rappeler qu’il est de notre responsabilité de veiller à avoir des données fiables qui permettront de continuer à légitimer la cause

Actuellement, nous travaillons à la création d’une étude sur la question de l’éducation et de son accès pour les enfants des camps de réfugiés dans son aspect inclusif. 

Cette étude permettra de montrer au monde la situation alarmante tant dans le domaine humanitaire que médical et scolaire dans les camps de réfugiés dans le monde. Elle permettra aussi de faire face à la réalité du terrain et ainsi répondre à un déficit criant d’ informations essentielles quant à la condition des réfugiés.

Cette étude permettra de faire émerger un programme, qui aura pour vocation à être applicable sur l’ensemble des camps de réfugiés du monde et cela en englobant la totalité de l’environnement de l’enfant. 

Je pense sincèrement que l’information, fidèle et fiable, est le fondement pour mener à bien un combat juste et indispensable. Que la résistance passe par l’entraide mais aussi par le partage d’une réalité loin de toutes les distorsions politique et idéologique.

 

4/ Quelles sont les prochaines étapes pour vous ? Et comment vous aider ?

 

 La prochaine étape c’est de pouvoir passer d’association à ONG. Ce statut d’ONG permettra de gagner en légitimité sur la scène internationale. En effet, nous cherchons aussi à travers nos actions, à sensibiliser la population afin de nous accompagner sur le long terme. La convergence des forces est une des clés pour atteindre nos objectifs. Pour ce faire, nous invitons nos soutiens à adhérer à notre association.  

Partager c’est donner ! Qu’importe la manière, votre soutien permet de créer et de soutenir énormément de projets pour les enfants et les familles les plus fragiles. Alors soutenez-nous, partagez nos projets et donnez si vous le pouvez.