Paris, le 9 janvier 2019 —

Dans le cadre du futur service national universel (SNU), l’Observatoire de la laïcité a diffusé, le 2 janvier 2019, un rapport délivrant ses préconisations sur l’application du principe de laïcité.

En l’espèce, l’étude entend que les jeunes accueillis ne seraient pas appelés au SNU en tant qu’élèves d’établissements scolaires publics, mais, juridiquement, en tant que simples usagers—un statut qui ne les soumet donc pas à l’exigence de neutralité religieuse, « ni à l’encadrement de leur manifestation d’appartenance religieuse tel que précisé par la loi du 15 mars 2004 applicable aux élèves des écoles, collèges et lycées publics ».

Si ce rapport s’aligne sur l’objectif du SNU, qui est de favoriser le sentiment d’unité nationale autour de valeurs communes, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer s’est personnellement opposé aux recommandations de l’Observatoire de la laïcité, qui ne font pourtant que rappeler le cadre du droit.

Alors que l’État se doit d’être le gardien de la liberté de conscience et celle de manifester ses convictions, il semblerait que dès lors qu’il s’agit de la question religieuse, la parole politique contredit presque systématiquement le droit. Il est déplorable de constater que la complaisance de l’État envers une compréhension abusive de la laïcité s’inscrit de nouveau dans le prolongement d’un contrôle politique visant régulièrement les musulmans de France.

Les travaux de l’Observatoire de la laïcité s’attachent à rappeler le droit et ne constituent pas une prise de position. Il est donc fondamentalement dangereux et nocif pour la cohésion sociale de redéfinir le principe de laïcité en l’étendant à la société civile, et d’envisager des restrictions qui remettent sérieusement en question la neutralité de l’État.

C’est pourquoi nous nous opposons formellement aux positions d’un gouvernement qui souhaite limiter la liberté religieuse de nos enfants et imposer un contrôle idéologique sur eux à travers des discriminations illégales et irrespectueuses du principe de laïcité, de sa compréhension et de son application. Quel genre de citoyens espère-t-on former en leur apprenant, dès l’enfance, l’autocensure d’une part fondamentale d’eux-mêmes ?

Il est dangereusement contreproductif de neutraliser un espace social où les enfants devraient, comme tous les autres citoyens, jouir de leurs libertés et de leurs droits. Nous appelons donc le gouvernement à la prudence et à la retenue face à la radicalisation et au durcissement du principe de laïcité portés par ses dirigeants dans les discours publics. Ces prises de position entretiennent le flou en dépit d’un cadre légal parfaitement clair, et participent à la propagation d’une ambiance délétère qui menace l’équilibre posé par la loi de 1905.

La plateforme L.E.S Musulmans
contact@lesmusulmans.fr

Mosquée des Cèdres, Marseille
Mosquée des Cèdres en construction

L’année s’achève. Plus qu’une semaine avant 2019. Si vous avez l’habitude de payer des impôts et plus encore de faire des dons déductibles, vous savez qu’il est possible d’en réduire le montant en allouant une partie à des projets, des actions, des fondations, etc. qui répondent à certaines conditions.

La loi française autorise en effet toute personne imposable à déduire de ses impôts sur le revenu 66 % du montant du don, dans la limite de 20 % du revenu imposable, lorsque ce don est fait par exemple – et c’est ce qui nous intéresse aujourd’hui – à une association sous le régime de la loi 1905 : concrètement pour un don de 100 euros, vous aurez droit à une réduction de 66 euros.

Or, de plus en plus d’associations musulmanes choisissent ce régime, particulièrement celles qui gèrent des mosquées.

C’est pourquoi aujourd’hui nous vous proposons de leur donner un dernier coup de pouce pour cette année. Vous trouverez dans la liste suivante le nom de quelques associations loi 1905, partenaires de la plateforme L.E.S. Musulmans, auxquelles vous pouvez faire un don défiscalisé avant lundi 31 décembre minuit, ainsi que le numéro IBAN afin de vous permettre de procéder à un virement bancaire. Pour tout autre moyen, nous vous invitons à vous rendre directement dans la section « dons » de chaque site respectif, dont nous vous indiquons l’adresse Web.

Association culturelle et cultuelle d’Ezanville (95)
http://www.acceezanville.org
IBAN : FR76 1820 6000 2260 1995 2980 610

WaqF Noisy, Noisy-le-Grand (93)
https://www.facebook.com/pg/musulmans93160
IBAN : FR47 2004 1010 1267 0221 9L03 344

Cerle Ibn-Khaldoun de Bretagne, Rennes (35)
http://www.cib35.fr
IBAN : FR76 1558 9351 7702 8498 4464 097

Mosquée des Cèdres, Marseille (13)
http://www.mosquee-des-cedres.fr
IBAN : FR76 1027 8090 6600 0202 7960 154

Mosquée Bilal, Clichy-sous-Bois (93)
https://www.mosquee-bilal-clichy-sous-bois.fr
IBAN : FR81 3000 20063700 0000 6469 Q89

Association As-Salam, Montluçon (03)
IBAN : FR76 1680 6008 2066 0412 6741 117

Association Unicité 38 (centre Philippe Grenier), Échirolles (38)
http://www.unicite38.fr
IBAN : FR63 3000 2026 6800 0007 0823 R50

Association des Bleuets, Marseille (13)
http://asso-bleuets.org
IBAN : FR19 2004 1010 0826 4962 5S02 973

Pensez à partager cet article afin de permettre au plus grand nombre de soutenir dans cette dernière ligne droite les associations ci-dessus.

Paris, le 12 décembre 2018

« Le terrorisme a une nouvelle fois frappé notre territoire », indique aujourd’hui le procureur de Paris, Rémy Heitz, confirmant la motivation terroriste de l’attaque mardi soir sur le marché de Noël à Strasbourg.

C’est avec beaucoup d’émotion et de tristesse que la plateforme L.E.S Musulmans adresse ses condoléances aux familles endeuillées et aux victimes de cet attentat.

Nous voulons leur dire notre compassion, notre amitié et notre présence à leurs côtés.

En tuant, blessant et visant une nouvelle fois la France, les terroristes veulent déstabiliser le pays, faire vaciller ses fondements et provoquer une réplique en profondeur en divisant les Français : faire le plus de victimes possible, accélérer l’émergence d’un climat de guerre civile, que les pires extrêmes politiques ne tardent jamais à exploiter.

La plateforme L.E.S. Musulmans appelle d’une part à rester conscients et vigilants quant à la constance du risque terroriste, en adoptant des approches concertées, efficaces et conformes aux droits humains, afin d’endiguer durablement cette menace ; d’autre part à renforcer nos liens, notre solidarité mutuelle et, face aux assauts pour nous diviser, à travailler à ce qui nous rapproche.

Les 220 associations et mosquées qui participent à la plateforme L.E.S. Musulmans oeuvrent chaque jour partout en France à cet effort de cohésion qui nous implique toutes et tous.

Enfin, nous nous mettons à disposition des familles touchées par cette violence, en priant profondément pour que nul ne soit plus frappé par la tragédie qu’elles vivent depuis hier soir et que notre pays et le monde soient définitivement débarrassés de cette violence barbare.

La plateforme L.E.S. Musulmans
contact@lesmusulmans.fr

Paris, le 11 décembre 2018

Nous avons pris connaissance de la décision de Jean Pierre Chevènement de quitter ses fonctions à la tête de la « Fondation des Œuvres de l’Islam de France ».

Au-delà des désaccords que l’on peut légitimement avoir, quant à son action en tant que ministre de l’intérieur puis à la tête de cette institution, nous saluons un véritable geste de lucidité.

La fondation, censée œuvrer à l’amélioration de la condition des musulmans et à l’intérêt commun de l’ensemble des citoyens, par l’éducation, la culture et l’action sociale autour de l’islam, a totalement échoué à impliquer les premiers concernés, au-delà d’un rôle cosmétique et purement symbolique, dans le meilleur des cas.

Sans surprise, les musulmans ont donc jugé très sévèrement l’action de la fondation. Dans le cadre de la grande consultation des musulmans, à laquelle ont participé 27 000 d’entre eux, ils sont ainsi 92% à ne pas se sentir représentés par la fondation dirigée par Jean Pierre Chevènement (dont 80% ont répondu « pas du tout »). Ce constat extrêmement critique est également développé dans les réponses ouvertes au questionnaire, où les répondants dénoncent aussi bien les conditions de nomination du président de la fondation que la gouvernance, l’inexistence sur le terrain et la déconnexion par rapport aux problématiques que vivent les musulmans.

C’est donc un double échec :

  • d’une part lié à la personne (pour rappel, Jean Pierre Chevènement a été parachuté à ce poste sans la moindre consultation ni implication des musulmans)
  • d’autre part à la mission de la fondation qui, malgré des millions d’euros dilapidés et le soutien de l’État, n’a strictement rien changé sur le terrain, si ce n’est une poignée de subventions distribuées et une exposition temporaire, symboles d’une action totalement inaudible des musulmans, puisque ne les impliquant pas.

Dans cette situation, l’État est face à un choix de responsabilité :

Il peut, avec constance, reproduire les mêmes erreurs et, contre un salaire mirobolant, parachuter quelque opportuniste, dans l’interminable liste de ceux qui veulent faire commerce de la condition des musulmans. Les mêmes arrangements en catimini, sans la moindre transparence ni implication des musulmans, aboutiront alors aux mêmes conséquences : un gaspillage de moyens, une frustration grandissante et un maintien du status quo.

Mais l’État peut également, de manière citoyenne et constructive, faire le choix de la transparence, de la compétence et de la légitimité, en considérant une simple évidence :

Il est bien temps de rendre aux musulmans ce qui leur appartient.

En l’occurrence : le choix des orientations et des personnes qui œuvrent sur des questions qui les concernent en premier lieu. Sans parachutage. Sans arrangement politique.

Tout autre choix serait, du point de vue des musulmans, totalement inacceptable et aboutirait, dans deux ans, au même résultat, en abîmant encore un peu plus leur lien et leur confiance en un État qui se sera montré, une fois de plus, incapable de les entendre.

Pour éviter un tel échec, nous proposons une idée simple : laissons les musulmans choisir.

Comme pour toute mission importante, les candidats devront soumettre un projet, clairement identifiable et accessible à tous, quant à ce qu’ils proposent de faire durant leur mandat, en cohérence avec les statuts de la fondation (ce à quoi pourra veiller l’État), en alliant action culturelle, éducative et citoyenne.

Il existe, parmi les millions de musulmans qui vivent en France, tous les talents et toutes les compétences nécessaires.

Sur la base de ces candidatures, la fondation pourra organiser de façon transparente, en ligne et dans des relais locaux, un vote lors duquel les musulmans pourront choisir le projet qu’ils souhaitent voir réalisé.

Ainsi, la fondation tirera une légitimité de ce choix et sera clairement mandatée pour accomplir un projet choisi par les premiers concernés, en conformité avec son objet.

Et pour la première fois, nous pourrons alors dire que la République traite les musulmans comme des citoyens à part entière, capables de décider par eux-mêmes de ce qui est fait en leur nom.

La plateforme L.E.S. Musulmans

Le 18 novembre dernier, vous avez été des dizaines à nous adresser vos questions sur Twitter via le hashtag #AskLesMusulmans

Cette première séquence interactive a été l’occasion pour nous, de vous fournir les explications dont vous aviez besoin pour mieux comprendre le projet que nous portons à travers la plateforme L.E.S. Musulmans.

Vos questionnements légitimes, ont fait l’objet de réponses argumentées et détaillées de la part de notre équipe.

Nous les avons compilés ici pour que vous puissiez les consulter autant que nécessaire:

Quels sont les premiers chantiers (actions) à mettre en place par la plateforme?

  • Les premières phases visent à l’adhésion des mosquées/associations au sein de la plateforme (novembre)
  • Diffusion/adhésion en masse des personnes qui soutiennent (décembre)
  • Structuration locale des assos/mosquées
  • Mise en place des groupes de travail thématiques – Premiers projets

Comment « contrer » les médias qui font de la propagande sur l’islam et qui font intervenir des « musulmans » par lesquels nous ne nous sentons pas représentés?

Il nous faut avoir une communication efficace et autonome, en produisant nos propres contenus et responsabiliser les journalistes quant à leur traitement médiatique des musulmans, de manière factuelle, exigeante et constructive. Il faut aussi que les musulmans soient beaucoup plus nombreux à être préparés et formés pour intervenir dans les médias, même si c’est difficile, afin qu’on ne soit plus absent des conversations qui nous concernent en premier lieu.

Quelle attitude allez-vous adopter avec les médias traditionnels ?

Notre approche sur le sujet est claire: transparence sur le message, lucidité sur les méthodes. En pratique, ça donne quoi ? Transparence sur le message: toujours faire l’effort, en direction du grand public comme avec les médias sérieux, d’expliquer notre projet, notre façon de faire, de manière claire et précise, afin que le plus grand nombre puisse accéder, participer et soutenir notre démarche. Lucidité sur les méthodes: rester bien conscients que dans le contexte actuel, nombre de médias participent à la construction des musulmans comme un problème, en surfant sur les polémiques qui les visent. Il ne faut pas céder à ces provocations ni rentrer dans ce jeu politique. Il faut donc savoir faire la part des choses, avec calme et lucidité: travailler avec les journalistes et les rédactions sérieuses, tout en ayant nos propres moyens de communication, efficaces et autonomes, en direction des musulmans comme du grand public, au niveau national.

Quelle place allez-vous accorder à la chasse aux sorcières islamophobes que subissent les femmes voilées ?

  1. Comme nous l’avons dit lors des résultats de la consultation, la lutte contre l’islamophobie fait partie des priorités des musulmans. Plutôt que des discours, des actes:
    Sur tout le volet lutte contre les discriminations/actes islamophobes, on délègue l’assistance, la prévention et la formation au CCIF, dont le travail est excellent. On ne va pas créer une structure alors que nous avons l’une des meilleures association de défense des droits.
  2. À travers notre communication et nos actions de terrain, nous veillons à ce que les femmes musulmanes, leurs aspirations et leur travail soient mieux rendus visibles et soutenues. Elles sont partie prenantes dans le projet, depuis le début. Chacune selon ses choix
  3. Les femmes musulmanes doivent avoir accès y compris aux postes à responsabilités. Et donc, plutôt que de donner des leçons ou de faire des discours, on a choisi les actes: la présidente de notre plateforme est une femme: N. Mayoufi ainsi que la trésorière: F. Ben Mohamed.

Quelles sont vos propositions concrètes pour l’organisation du Hajj/Omra ? Est-ce que vous inclurez dans vos réflexions les acteurs déjà présents (notamment les grosses agences) ? Quel poids aurez-vous (notamment vis à vis du consulat saoudien, système de quotas etc) ?

Notre méthode, c’est à chaque fois d’avoir une double approche :

  1. Partir du réel et de l’existant, pour l’améliorer et le développer quand c’est possible, plutôt que de réinventer la roue.
  2. Dans le même temps d’analyse et de réflexion : Développer, à moyen et long terme, des solutions qui aident à résoudre l’ensemble de la problématique.

Donc OUI, sur le hajj, il faut aussi travailler avec ceux, parmi les acteurs existants, qui font du travail sérieux.

  • Phase 1 (2 ans): identifier les agences/accompagnateurs sérieux et travailler à une amélioration sensible des conditions du hajj (accompagnement, prestations, transparence, prix) pour que les pélerins & leur famille voient rapidement une amélioration notable de l’expérience hajj. Ce travail permettra d’assainir dans un premier temps le « marché du hajj » et de bénéficier aux pèlerins, tout en identifiant les partenaires économiques (voyagistes, accompagnateurs, logisticiens) qui pourront fournir un travail de qualité sur la suite.
  • Phase 2 (moyen/long terme): une prise en charge complète/macro du pélerinage, avec une planification sur base d’étude démographique des besoins des pèlerins. Assistance économique des familles, tarif conventionné du hajj avec financement participatif + prestations contractuelles. Cette approche par phase, en impliquant toutes les parties prenantes (acteurs économiques, associations, mosquées, plateforme) doit permettre, de manière méthodique et progressive, d’évoluer par un hajj pleinement réussi et accessible à tous les musulmans.

Parmi l’une des priorités, je pense que la récolte et le reversement de la zakat Al Maal est primordial via la plateforme avec les objectifs suivants:

  1. Rendre aux pauvres vivants en France leurs droits
  2. Sensibilisation des musulmans sur la Zakat
  3. Redonner une bonne image des musulmans dans les médias

On applique la même méthode que sur les autres questions. Dans l’existant, il y a de bonnes choses qui se font déjà, au niveau local/régional, 
qu’il convient d’analyser et de renforcer.

Par exemple, en région lyonnaise, une structure s’est créée qui fait ce travail très spécifiquement sur la Zakat, coordonnée par sheikh Mohamed Minta: ça s’appelle: ZakatFrance.

Cela permettrait de répondre parfaitement au besoin essentiel que tu évoques, en ayant un baytul maal national qui collecte/distribue la zakat ici, en direction des ayant droits et conformément aux conditions théologiques. Un mécanisme d’action sociale majeur, pour les démunis…

Est-il possible d’avoir la liste de toutes les associations, mosquées et personnalités ayant adhéré à la plateforme ?

Oui ! On est en train de consolider cette liste des structures qui ont rejoint la plateforme. Vous aurez aussi un mapping géographique des mosquées/associations qui participent, directement sur le site www.lesmusulmans.fr

Parlons du système éducatif: rien de plus important que l’éducation de nos chers enfants. Avez-vous des pistes de travail allant dans ce sens et visant à éduquer de bons citoyens français ET musulmans ?

Les personnes chargées du pôle de travail sur les questions éducatives vous répondent:

  • Pour les parents qui ont fait ce choix, nous souhaitons accompagner les écoles privées musulmanes et nous assurer de la qualité d’enseignement en créant une charte de qualité pour ces établissements, dûment enregistrés.
  • Notre projet consiste à travailler de façon collaborative avec les établissements pour leur apporter un soutien répondant aux besoins d’ordres administratif, pédagogique, juridique et financier. Les écoles musulmanes doivent pouvoir être dotées des meilleurs pédagogies et outils.

Une mutualisation des projets de constructions de mosquées et de leur financement est-elle envisageable ? Elle permettrait une 
convergence des talents, des moyens et ainsi de mener ces ouvrages à terme.

On peut répondre à cette question sur le financement des lieux de culte et la mutualisation des efforts en deux temps, pour être très précis et très concrets. Sur la partie financement pur, il faut garder en tête que les structures juridiques qui portent ces projets (le plus souvent des associations locales portées par les fidèles) sont le plus souvent indépendantes les unes des autres. Elles n’ont donc pas de caisses communes.
 Par contre, au sein de la plateforme, sans avoir à fusionner leurs fonds, elles peuvent mutualiser des services et expertises: centrale d’achat, méthodes de fundraising, expertise comptable, juridique, architecturale, etc. Et ça, ça permet de faire beaucoup mieux. Ces services et ces expertises sont, dans la construction d’un projet de mosquée, des aspects décisifs qui font gagner énormément de temps (et d’argent) aux associations locales. Ensuite, au niveau départemental, les associations peuvent concevoir des projets communs plus larges.

Les responsables ou membres de l’UOIF ont-ils leur place chez L.E.S. Musulmans sachant que cela occasionnerait de nombreuses réactions chez certains médias ou politiques ?

Notre approche a été constante depuis le début : Une main tendue à toutes les structures qui ont envie de participer, dans l’intérêt commun de tous.
 Les fédérations ont été tenues au courant et invitées à participer, dès le début de la Consultation des Musulmans, puis à la création de la plateforme. Nous refusons le sectarisme ou les querelles du temps passé, donc nous gardons une porte ouverte à tous ceux qui veulent œuvrer.

Une fois la plateforme créée est ce qu’il est nécessaire d’adhérer et de payer une cotisation pour participer et apporter ses compétences, ses idées et ses expériences ? Auquel cas ceux qui n’ont pas les moyens d’adhérer seront-ils exclus de toute participation ?

Ceux qui le peuvent sont encouragés à adhérer, ça permet de :

  • soutenir financièrement les projets,
  • garantir notre indépendance
  • recruter des gens compétents pour fournir un travail sérieux

Ceux qui n’ont pas les moyens (ça commence à 5€/mois) peuvent aussi contribuer et soutenir en s’abonnant, en diffusant et en participant de manière bénévole, en donnant un peu de temps ou en partageant leurs compétences. Ils sont plus que les bienvenus comme et quand ils peuvent.

Est-ce qu’il est prévu de donner des outils/informations aux personnes qui souhaitent que leurs impôts servent des causes qui leur sont chères ?

Voilà typiquement un exemple où les associations et mosquées peuvent s’entraider. Regardons ça de manière concrète…

Historiquement, les associations et mosquées connaissent mal tous les avantages des dispositifs fiscaux existant, de même que nombre de fidèles. Pourtant, les associations humanitaires et/ou citoyennes ont appris au fur et à mesure à défiscaliser les dons et les rendre optimaux.

Il pourrait donc être utile, au sein même de la plateforme qui réunit des centaines de structures, de les former à améliorer la transparence des comptabilités, la prise en charge et la défiscalisation des dons. Puis sensibiliser les donateurs pour que cela leur bénéficie aussi.

D’ici là, vous pouvez sans attendre rejoindre et soutenir L.ES. Musulmans :

  • Soutenez la plateforme en lui permettant par un don financier d’accéder rapidement à son indépendance financière : Je soutiens L.E.S. Musulmans, je fais un don
  • Soutenez L.E.S Musulmans.fr en devenant adhérent : J’adhère tout de suite à L.E.S. Musulmans

Que vous souteniez, adhériez ou préférez pour l’heure seulement devenir bénévoles, faites-le savoir dès maintenant, envoyez votre proposition de temps, de services et de compétences à l’adresse suivante : contact@lesmusulmans.fr.

Abonnez-vous aux comptes de L.E.S. Musulmans sur les réseaux sociaux :

Nous avons pris connaissance des propositions du gouvernement de refonte de la loi de 1905 sur la laïcité, qu’il inscrit dans un projet de restructuration par l’Etat du culte musulman.

La plateforme L.e.s Musulmans, regroupant plus de 200 associations et mosquées à travers la France, ainsi que des centaines d’imams, exprime sa position comme suit :

1. Le principe de laïcité, dans son cadre juridique actuel, est un fondement de l’équilibre de notre société. Le remettre en question constitue une tentative hasardeuse

Le cadre juridique hérité de la loi de 1905 n’est pas complaisant envers les cultes, mais fixe les conditions d’une coexistence apaisée entre les instances religieuses et le pouvoir politique et institutionnel, incarné par l’Etat. Remettre cela en question, c’est toucher à l’une des valeurs cardinales plébiscitées par les Français et créer un dangereux précédent: la structuration forcée d’un culte par une politique d’Etat. Les musulmans sont, dans le débat public, souvent accusés à tort de ne pas respecter la laïcité. Or dans les faits, les entorses les plus graves à l’encontre de ce principe, sont le fait, très souvent, de ceux qui prétendent le défendre.

2. Les Musulmans sont des citoyens comme les autres, ils ne méritent ni ne souhaitent faire l’objet d’aucune “loi d’exception”

Dans un contexte politique en proie aux extrêmes, la laïcité est constamment dévoyée pour contrôler et mettre en cause nos concitoyens musulmans. En les plaçant au coeur du débat, dans les motivations comme dans les objectifs d’une refonte de la laïcité, l’Etat risque de valider cette stigmatisation et la construction d’une communauté religieuse comme un problème national. Toutes les institutions musulmanes sont en pleine réflexion et en développement d’une dynamique autonome de structuration de leur culte. Il convient donc de respecter cette démarche, plutôt que de leur imposer par le haut un islam d’Etat, qui ne répond ni à leurs besoins ni à leurs demandes, mais à la pression politique d’une partie de l’opinion explicitement hostile aux musulmans, réclamant sans cesse leur mise sous contrôle strict. L’Etat ne doit pas tomber dans ce piège, au risque d’antagoniser la société et de créer un statut d’exception pour nos concitoyens musulmans.

3. Les solutions proposées ne règlent rien et aggravent tout

  • Etablissement d’un label de « qualité cultuelle » pour les mosquées, délivré par le préfet pour 5 ans, qui jugera de leur alignement. Dans les faits, cette mesure n’est ni plus ni moins qu’une police politique et religieuse, chapeautée par les préfets, qui de manière subjective pourront juger de la « qualité » des structures musulmanes, les pénaliser, au mépris du principe de laïcité.
  • La transparence des flux financiers est une bonne chose, celle-ci est réclamée et mise en oeuvre par les musulmans eux-mêmes. Mais le dispositif proposé par l’Etat ne convient pas à la réalité du terrain et fait peser une suspicion de criminalité financière sur les structures musulmanes. Dans les faits, les instances fiscales peuvent déjà contrôler tout flux financier quand cela se justifie. Par ailleurs, le culte musulman est quasi intégralement financé par les fidèles eux-mêmes, qui n’ont demandé aucune subvention ni aide financière à l’Etat. Plutôt qu’à marche forcée, cette transparence se met progressivement en place grâce à des bonnes pratiques comptables qui rassurent et font participer les fidèles, comme c’est le cas dans nombre de mosquées et associations de notre plateforme, qui publient leurs comptes et associent leurs membres aux décisions.
  • La volonté de mettre sous tutelle les imams et prédicateurs est claire et manifeste. Elle répond, dans la motivation même exprimée par l’Etat, au souhait de lutter contre les discours radicaux. Mais la méthode comme la cible posent problème. Les imams sont les premiers interlocuteurs de terrain et toutes les études scientifiques ont montré que les processus de radicalisation ne s’opèrent pas au sein des lieux de culte. Les imams et prédicateurs qui ont un ancrage local et un large auditoire sur internet participent à la déconstruction de ces discours sectaires. Ils ont pour la plupart un rôle clé qui influence positivement notre jeunesse à une lecture apaisée de leur foi et de leur citoyenneté. Il faut que les autorités aient l’intelligence et le pragmatisme de travailler avec eux car ils sont de réels vecteurs de stabilité. En dictant aux imams ce qu’ils ont ou non le droit de dire et en faisant des lieux de culte des espaces de contrôle idéologique, l’Etat prend le risque d’aggraver le phénomène qu’il prétend combattre, en détruisant un espace de dialogue et de médiation supplémentaire: les mosquées, au sein desquels tous les musulmans et les citoyens sont les bienvenus.

L’ensemble des mesures proposées, dans la même veine, est voué à l’échec puisqu’il ne se construit pas avec les musulmans, mais sans eux, participant ainsi à la dépossession de leur parole et de leurs libertés, parmi lesquelles celle de s’organiser comme ils le souhaitent.

La plateforme L.E.S Musulmans observe donc ce projet de loi avec inquiétude, puisqu’il ne règle pas les problèmes et expose dangereusement les communautés musulmanes à une mise sous tutelle idéologique et politique.

Sans céder aux polémiques et aux agendas politiques des uns et des autres, nous nous inscrivons dans un rythme de travail de fond, basé sur l’intelligence collective et le dialogue avec tous, y compris avec l’Etat, dès lors que les principes fondamentaux sont respectés:

  • La laïcité comme base de l’indépendance réciproque du politique vis-à-vis du religieux.
  • La liberté comme cadre d’expression et d’organisation autonome des communautés locales.